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rieure ; ceux-ci s’en vengent à leur tour sur les coatis, les ratons, les marmottes et autres animaux qui vivent dans la même enceinte. On remarque alors que ces parias se coalisent pour réprimer les excès de leurs maîtres ; mais ils ont beau faire, les grands du royaume ne les réduisent pas moins au rôle de souffre-douleurs. Le droit de la force, le privilège, l’ancienneté, l’esprit de castes, tout ce qui constitue la base de l’aristocratie et de la démocratie parmi les hommes, existe donc parmi les animaux à l’état de nature.

On a accusé les singes de copier l’homme ; il est juste de dire que l’homme le leur a quelquefois rendu. On se souvient de l’acteur qui attira autrefois la foule à la Porte-Saint-Martin, dans le personnage de Jocko. Mazurier avait demandé la permission d’étudier son rôle sur les modèles du Jardin des Plantes. L’ancienne singerie était riche d’un assez grand nombre d’individus sauvages qui pouvaient servir à former son éducation : mais l’artiste s’attacha de préférence à un singe qui dansait à faire rire. Durant les répétitions, Mazurier s’escrima pour rapporter tous ses mouvemens à ceux de l’animal grotesque. Il joua cette danse sur la scène, et toute la ville d’applaudir. On trouva qu’il jouait le singe au naturel. Mais Mazurier et le public ignoraient que ce singe avait lui-même été dressé à cette danse par des bateleurs. L’acteur imitait de la sorte, dans son modèle, une imitation de l’homme.

Il n’est pas dit pourtant que le singe, jusqu’ici rebelle, ne s’emploiera pas dans la suite à des services utiles. L’œuvre de la domination de l’homme