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la ménagerie.

dans une cage isolée. Assez souvent, c’est un enfant gâté de bonne maison ; le traitement provisoire auquel on le soumet a pour but de lui faire oublier les soins particuliers et les friandises dont il a été comblé chez ses anciens maîtres. Après ce noviciat, on amène dans sa cage un des plus gros singes de l’établissement, puis deux, puis trois, afin de jeter entre les anciens et le nouveau venu les bases d’une connaissance amicale. Ce premier essai ne réussit pas toujours ; la présence du gardien comprime alors les rixes trop fréquentes qui pourraient s’élever entre ses pensionnaires mutins. Quand ils ont pris l’habitude de vivre ensemble, on ouvre la cage. Le nouveau venu fait alors son entrée dans la grande rotonde où se tient, pendant le jour, l’assemblée des singes. Malgré toutes les précautions usitées, malgré l’engagement que les trois ou quatre camarades avec lesquels il a fraternisé ont pour ainsi dire pris de le défendre, c’est toujours un moment critique et solennel. Il se fait parmi les singes un grand mouvement. Le malheureux, ébloui, fasciné, étourdi par le nombre des condisciples au milieu desquels il se trouve subitement jeté, éprouve l’embarras commun à tous les adolescens qui entrent pour la première fois, à l’heure de la récréation, dans la cour d’un collége. Souvent ce nouveau venu est immédiatement assailli ; D’autres fois, s’il s’annonce par des dehors vigoureux, on tient conseil, on parlemente. L’un des plus adroits et des plus anciens est député vers l’étranger pour le reconnaître. Il s’approche de lui avec des airs de bienveillance hypocrite et le caresse doucement sur le dos. Le