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meil. On a même imaginé d’entrer dans la loge de ces terribles animaux en tenant à la main une barre de fer rougie par l’extrémité : le lion ou le tigre, éprouvant la brûlure de cette arme, se retire effrayé et grondant devant une puissance qu’il ignorait. Les moyens qui appartiennent à l’ordre moral et dont l’influence n’est pas moins grande, sont l’empire du regard, le rayonnement du visage humain sur la nature inférieure, le magnétisme du geste et la domination de la volonté. Le docteur Gall était d’avis que l’homme soumettait les animaux au moyen des facultés que la nature lui avait données en plus et dont les organes couronnaient le devant de la tête. Les carnassiers les plus féroces ne sont pas non plus insensibles à la beauté. La faiblesse unie à la grâce parait les toucher surtout dans les enfans. Des industriels forains montraient, il y a quelques années, un lion dans la cage duquel entrait un enfant armé d’un fouet ; cette petite créature, ignorante du danger et taquine comme on l’est à cet âge, frappait le lion à la face, de manière à le faire visiblement souffrir. L’animal rugissait et secouait sa crinière avec transport, sans toucher à ce frêle ennemi, qui, enhardi par sa victoire, redoublait les coups et les insultes. Cette douce bête féroce montrait une patience que n’eût certes déployée ni le cheval, ni le bœuf, ni aucun de nos animaux domestiques. Mais à défaut de ces exemples isolés, l’état constant du guépard, ce tigre que les Indiens ont dressé comme nos chiens de chasse à rapporter humblement sa proie, nous enseigne que toute la nature est susceptible, avec le temps et l’em-