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désormais à apprivoiser les convictions de son auditoire.

Il serait intéressant de connaître les moyens employés par certains dompteurs de bêtes féroces pour venir à bout de leurs terribles élèves. On a reconnu que le caractère des âpres habitans de la ménagerie s’accommode plus ou moins aux individus qui les fréquentent. Le gardien nous a fait voir un lion fort doux entre ses mains qui se montre intraitable envers son collègue. De tels faits ne sont pas rares. Nous avons examiné la tête de ce gardien familier aux animaux, et nous y avons trouvé, malgré une très grande bonhomie, les principaux traits qui dessinent la configuration de la tête chez les carnassiers. Faut-il attribuer à cette organisation particulière les succès qu’il obtient sur la nature ombrageuse et indocile de ses hôtes ? Nous le croyons. Il déclare lui-même que son collègue, chez lequel nous n’avons pas rencontré les mêmes caractères, est très bon pour les animaux, et que leur antipathie ne peut être attribuée à aucun mauvais traitement. Il faut donc alors en chercher la cause dans ces attractions mystérieuses de la nature, dont les animaux entre eux nous présentent l’image. Un lion de la ménagerie habite présentement avec un jeune chien, pour lequel il témoigne un vif attachement. Nous avons vu nous-même ce chien, à son entrée dans la loge, être reçu par son fauve compagnon avec de tendres caresses et tous les signes d’affection qui succèdent chez des amis aux ennuis de l’absence. Le même lion ne peut souffrir les animaux, et entre en fureur quand seulement les autres chiens de la