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aux gros animaux. L’éléphant, supposant à cet intrus de mauvaises intentions, se contenta de le fouler contre un mur avec toute sa masse, et passa. L’homme était mort. — Le troisième cas (c’est le dernier) présente les caractères du suicide. Un homme attaqué de monomanie spleenique avait essayé de tous les moyens de se détruire, et toujours sans succès. Alarmé par l’état mental de ce malheureux, sa famille lui avait donné un suivant chargé de veiller sur sa conservation. Le malheureux eut alors recours à la ruse pour tromper la vigilance du geôlier qui voulait l’enchaîner à la vie. Il feignit d’être revenu à un état plus raisonnable. Déjà l’on ne se méfiait plus de ses transports, quand, au milieu d’une promenade au Jardin des Plantes, au moment où la surveillance de son gardien était détournée par le spectacle de l’ours montant à l’arbre, notre monomane se précipita la tête en avant dans la fosse. Cette fois du moins, il dut être content, car il ne manqua pas la mort : les ours le tuèrent. Il est bon de réfléchir aux circonstances qui amenèrent dans les trois cas la destruction des individus mis à mort par ces animaux. On voit alors que cet acte doit être moins rapporté chez eux à un sentiment de férocité indélébile, qu’au droit de légitime défense : ces animaux voient dans l’étranger qui pénètre si inopinément en leur retraite un agresseur, et ils le combattent par toutes leurs armes. La preuve que ce sentiment et non un autre détermine alors leur conduite, c’est que la cruauté attribuée aux ours ne s’exerce pas sur les êtres plus faibles, dont la taille et le volume ne leur portent aucune menace. Le public parisien,