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à mort, sous les yeux de la multitude, par les bêtes du cirque. Nul n’ignore que la civilisation a fait d’immenses progrès ; mais, ce qui est peut-être digne de remarque, c’est que les animaux féroces participent eux-mêmes à cet adoucissement des mœurs. Nous croyons devoir rapporter à ce sujet les accidens dont le Jardin des Plantes a été le théâtre. On verra que non-seulement les individus mis à mort par les animaux sont en petit nombre, mais qu’encore ils ont tous été les auteurs imprudens ou volontaires de leur catastrophe. La plus ancienne anecdote tragique dont le souvenir soit à déplorer depuis la présence des bêtes féroces au Muséum d’histoire naturelle, est celle de ce vétéran qui, attiré (on se l’imagine du moins) par l’éclat d’un bouton semblable à un écu, descendit pendant la nuit avec une échelle dans la fosse aux ours. Ce malheureux, surpris par le réveil des formidables animaux dont il venait à cette heure ténébreuse violer le domicile, poussa des cris affreux qui emplirent tout le jardin et furent entendus jusque dans les geôles de Sainte-Pélagie. Il fut trouvé le lendemain étendu sur le dos et le ventre ouvert. Son imprudence pouvait entraîner d’autres malheurs, l’échelle qui lui avait servi à descendre étant demeurée fixée contre le mur de la fosse ; mais l’ours, content d’avoir fait justice de son visiteur audacieux, ne songea point à profiter de ce moyen d’évasion. — La seconde exécution a été commise par un éléphant fort doux. Un curieux, par des raisons ignorées, probablement par bravade, s’était introduit entre les poteaux qui limitent l’enceinte réservée