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que son organisation a changé depuis ces temps anciens et s’est successivement modifiée selon les divers milieux ambians qu’il lui a fallu traverser. Du temps, par exemple, où le ciel était chargé d’acide carbonique, au point de former une sorte d’océan aérien, l’homme devait avoir, disent-ils, des poumons semblables à des branchies ; c’est même à cette demi-nature de poisson qu’ils rapportent la cause de la longévité prodigieuse dont la Bible gratifie les anciens patriarches. D’autres, plus inconséquens encore, veulent que l’homme ait paru dès les premières manifestations de la vie et qu’il se soit maintenu sons une forme inaltérable à travers toutes les grandes révolutions du globe, se déplaçant d’une contrée dans une autre, à mesure que la mer envahissait les anciens continents et soulevait de nouvelles étendues de terre. Outre l’autorité de la raison, ces deux systèmes ont contre eux l’autorité des faits géologiques. On a retrouvé dans les entrailles de la terre les analogues de tous les animaux qui existent maintenant sur le globe, l’homme excepté. Le singe, que Cuvier avait déclaré absent ou du moins douteux, a fini par se montrer dans ces derniers temps avec évidence. Mais il n’en est pas de même pour notre espèce. Les ossemens humains qui ont été découverts au port du Moule, à la Guadeloupe, et qui figurent dans la dernière armoire du musée, appartiennent à un terrain de formation récente, dont il est impossible dans l’état actuel de nos connaissances de déterminer la date, mais qui paraît certainement postérieur au déluge. On est donc fondé à croire que l’homme n’a point été