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Il est probable que cet épanchement de la grande eau fut accompagné de bien d’autres phénomènes et de bien d’autres crises. Les pôles avec les animaux qui y vivaient, et dont quelques-uns appartiennent maintenant aux climats les plus chauds de l’Asie et de l’Afrique, furent gelés : une glace éternelle les saisit et siège encore à cette heure sur leurs solides fondemens. La main de la nature a imprimé dans cette couche diluvienne qui recouvre l’ancien monde et s’étend sur tous les pays connus, la trace de très effroyables ravages. À la vue de cette scène de destruction gigantesque, de ces chaînes de montagnes qui sortent violemment au-dessus des eaux, comme soulevées par une main invisible, de ces mers qui s’éloignent et qui fuient en se jetant sur les terres avec épouvante, des vastes oscillations qui ébranlent, déchirent, ouvrent la surface de la terre et en troublent les profondeurs, on croit assister à la fin d’un monde. Rassurons-nous : cette fin n’est que le commencement d’un nouvel ordre de choses, d’un monde nouveau. Les êtres en apparence détruits vont se remontrer à l’existence, remaniés, transformés ; car durant les derniers temps qui ont précédé le cataclysme, durant le cataclysme lui-même, la nature a eu soin de leur préparer les circonstances nouvelles d’une autre sorte de vie. Ces changemens ne se bornent point à finir les espèces anciennes et à les renouveler ; ils exercent encore sur le règne animal et végétal d’immenses déplacemens de climats. Des plantes, des animaux, qui vivaient sur notre sol ou même dans des contrées aujourd’hui beaucoup plus froides, telles que la Sibé-