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deur, d’une force et d’une vitesse admirables. Quelles forêts immenses la nature avait inventées pour loger cet hôte incroyable qui semble porter lui-même une forêt sur la tête ! Comme il eût été beau de le voir courir dans ces solitudes vierges, suivi d’une meute sauvage attachée à ses pas ! Les chiens de cette époque étaient en effet dans la proportion de ce cerf. La découverte d’une dent appartenant à un individu du genre canis, permit à Cuvier de reconstruire, en vertu des lois de l’anatomie comparée, un animal ayant au moins huit pieds depuis le bout du museau jusqu’à la racine de la queue, sur au moins cinq pieds de hauteur au train de devant. Ce chien prodigieux, ce cerf étonnant, ne nous représentent-ils pas bien ces chasses fantastiques qu’on voit passer dans les ballades allemandes ? Ce n’était pas encore toute la population de ces antiques forêts : un bœuf voisin de l’aurochs, un autre qui parait avoir été la souche de nos bœufs domestiques, quoique ses cornes soient autrement dirigées ; un grand nombre de chevaux qui n’avaient pas encore subi le poids du travail ; un animal qui manque à la nature vivante, l’elasmotherium, ayant la taille du rhinocéros et formant la transition entre ce dernier et le cheval, être aujourd’hui surprenant ; beaucoup d’autres solipèdes et ruminans habitaient nos pays en l’absence de la race humaine. Or, la nature, en nous montrant par la pensée l’état du globe avant sa dernière révolution, semble nous dire : Hâtez-vous d’examiner, car tout cela va disparaître. Il en est du monde antédiluvien comme de nos grandes villes qui renouvellent continuellement leurs édifices.