Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

annoncent toujours une tendance à excéder les proportions actuelles de la taille, on reconnaît néanmoins que cette tendance avait beaucoup baissé depuis les temps plus anciens, et que si ces derniers représentans de la nature antédiluvienne conservaient encore des formes supérieures en volume à celles de notre époque, ces formes allaient chaque jour s’altérant, et n’attendaient plus qu’une dernière catastrophe pour disparaître tout-à-fait. À cette décadence des forces brutales, à ce je ne sais quoi de nouveau et d’inattendu dans la nature, on sent que l’homme va venir et que le règne animal se range pour lui faire place.

Et maintenant un dernier regard sur ce monde qui va être encore une fois renouvelé. Des mers, des lacs, des fleuves, dont plusieurs n’existent plus aujourd’hui et dont d’autres ont changé de place, baignaient des continents déjà fort étendus. Des soulèvemens de montagnes, suivis de longues agitations de la mer, ont donné à la configuration moderne de la terre ses principaux reliefs. La température avait beaucoup baissé depuis les premiers âges. Des physiciens ont calculé qu’elle s’avançait comme le règne animal vers l’état actuel. Des arbres séculaires, voisins des genres peuplier, saule, châtaignier, orme, sycomore, formaient d’épaisses forêts dans lesquelles l’élan, le daim, le renne et d’autres animaux connus, mais dispersés à cette heure dans des climats très différens, paissaient ensemble les grandes herbes. Il est difficile de se faire une idée du cerf dont les bois élargis et branchus décorent les dessus de porte du musée de géologie. Ce devait être un animal d’une gran-