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Le plésiosaure justifie les hydres, les dragons, les tarasques et tous les autres animaux chimériques dont le blason avait peuplé son monde de fantaisie. Vous pouvez le voir entier sur cette empreinte naturelle qui se montre dans la galerie. C’est encore une réunion de formes qui s’étonnent de se voir accouplées et dont l’ensemble paraîtrait aux naturalistes modernes le rêve d’une imagination malade, si la preuve de l’existence d’un pareil être n’était sous leurs yeux. La tête du lézard avec les dents du crocodile, un tronc et un queue de quadrupède, les côtes d’un caméléon et les nageoires d’une baleine, voilà le plésiosaure. On comprend difficilement qu’un tel animal ait pu vivre. Mais ce qui doit nous surprendre encore plus, c’est la longueur inattendue de son cou. Les mœurs de ce reptile se déduisent de ses caractères extérieurs. Le plésiosaure n’habitait que des mers et les golfes peu profonds ; il nageait à la surface des eaux, recourbant en arrière son cou grêle et flexible, et le tordant à droite et à gauche comme un serpent pour saisir sa proie. Quel spectacle ce devait être que le passage de ce reptile nageur ! Rien de ce qui existe aujourd’hui dans la nature ne rappelle une semblable création. Les mers qui ont vu cet étonnant animal n’existent plus elles-mêmes. Le plésiosaure, quoique arrivant dans certaines espèces à une taille et à un volume prodigieux, ou, pour mieux dire, à cause de sa taille même, n’a pu résister à ces bouleversemens terribles qui ont effacé l’ancienne configuration du monde. Après lui, le mosasaure, armé de dents très fortes dont il portait quelques-