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la troupe fuyante de leurs vassaux, ils devaient en faire un épouvantable carnage. L’étroitesse du crâne, combinée avec ce gros œil et l’hiatus des mâchoires nous enseigne que non-seulement la nature s’en tenait, durant ce second âge de la terre, à l’ordre intermédiaire des reptiles, mais qu’encore elle leur imposait des formes qui, selon nos idées, devaient peu concourir à l’instinct de ces animaux, si ce n’est pourtant à l’instinct carnassier. Ces belliqueux suzerains des eaux ne semblent avoir été appelés dans le monde que pour exercer une force d’absorption aveugle et mécanique. Il est probable que leur œuvre était nécessaire : la destruction entre comme moyen de gouvernement dans les vues de la nature. La race des poissons semble avoir été douée, surtout dans les premiers temps, d’une très grande vertu prolifique ; son état de solitude lui avait permis de se multiplier démesurément au fond des eaux tranquilles. Le crescite et multiplicamini de Moise rencontre dans les nombreux débris organiques des couches précédentes un témoignage de son efficacité. C’est sans doute pour retenir cette génération aquatique dans les limites d’un accroissement convenable, que l’auteur des êtres jugea à propos d’envoyer sur elle ces grands dépopulateurs dont l’appétit était énorme et les forces d’extermination gigantesques. Fidèle à ses grandes lois de progrès et de continuité, la nature avait d’ailleurs tiré l’icthiosaure du sein des poissons, que cet animal lie aux reptiles par des formes nouvelles et de plus grands moyens d’action. À un tel être en succèdent d’autres encore plus extraordinaires.