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savant trouva d’ailleurs sa consolation dans l’objet éternel de ses études et de ses amours. « Je me décidai, nous dit-il, à quitter Paris pour une vie solitaire à la campagne. Je m’y rendis sans livres. Un seul était sous mes yeux, le livre de la nature, où je voyais apparaître toutes les créations du printemps en plantes et en animaux. » On voit que le poète, tant critiqué par l’école positive, n’avait pas choisi la plus mauvaise part en se décidant pour la vie de contemplation et d’extase.

Ces tribulations n’altérèrent jamais la bienveillance de son commerce. C’est vers ce temps que nous l’avons connu ; nous conservons encore un souvenir ineffaçable de ces bonnes soirées du dimanche, auxquelles sa présence donnait un caractère particulier. Dans l’ancienne rue de Seine-Saint-Victor, aujourd’hui rue Cuvier, s’élève une maison abritée comme un nid par la solitude et les branches d’arbres ; c’est là que le patriarche de la science, le philosophe de la nature, demeurait depuis longues années. Le salon était rempli de savans, de littérateurs et d’artistes. L’été on descendait dans le jardin de la maison qui se rejoignait par un trait-d’union de verdure aux massifs du Jardin-des-Plantes. Les amis du vieillard s’asseyaient en cercle sur des sièges de bois et causaient gravement à la clarté des étoiles. Paris avait éteint son bruit au seuil de cette habitation reculée ; on n’entendait que le rugissement lointain des bêtes fauves, excitées dans les temps de pluie par les senteurs résineuses du cèdre du Liban. L’âme fatiguée de la vie remuante et inquiète de notre ville se reposait avec