Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

affection d’autrefois pour son vieil ami et son émule, il dit : « En ce moment d’un dernier adieu que notre illustre confrère n’a pu, hélas ! entendre de ma bouche, comment ma pensée ne se reporterait-elle pas sur cette vie à deux de nos jeunes ans, sur ces relations si intimes et si dévouées, sur cette communauté de travaux si douce à tous deux ! » Ces paroles touchantes prennent un intérêt d’à-propos, aujourd’hui que les deux confrères sont de nouveau réunis.

Le nom de Geoffroy est moins populaire en France que celui de Cuvier : nous dirons seulement que les hommes de science se font plus connaître au public par des ouvrages élémentaires que par des travaux de philosophie transcendante. M. Geoffroy, à cause de la tournure de son esprit, s’est toujours tenu dans des régions inabordables et solitaires. Une certaine obscurité dans le style, obscurité dont il se plaignait lui-même, et dont il ne put jamais dissiper les ténèbres, contribuait encore à voiler sa pensée. On a tant abusé dans ces derniers temps du mot incompris, qu’on ose à peine s’en servir ; ce serait pourtant à Geoffroy qu’il s’appliquerait avec le plus de raison. Ce défaut de lucidité fit le supplice de ses derniers jours. Notre grand naturaliste eut une vieillesse amère : « J’ai le cœur percé, écrivait-il ; je suis triste jusqu’à mourir. » Certaines injustices qu’il eut, hélas ! à subir de la part de ses confrères, mirent le comble à sa susceptibilité. Un instant il songea à quitter la France, et à chercher sur un autre théâtre que celui de ses travaux une considération qui lui était refusée dans son pays. Il souffrit et finit par se résigner. Ce