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son malheur. On sait que Cuvier avait été lui-même frappé dans une fille de vingt-deux ans, belle et unique ; il comprenait la douleur de son confrère par la sienne propre : non ignara mali.

L’événement de 1830 passa sur la tête des deux terribles champions et sur leurs querelles incessantes. M. Geoffroy, quoique éloigné, comme nous l’avons dit, du mouvement politique, n’en salua pas moins avec ardeur une révolution qui semblait devoir continuer dans le monde les progrès de son aînée ; il pensait, avec raison, que chaque pas vers la liberté est un pas vers la science. Nous devons rapporter ici un fait qui honore son caractère. On se souvient que dans le premier enivrement de la lutte la colère du peuple se porta sur le palais de l’archevêque de Paris. D’imprudentes paroles adressées au roi Charles X, quelques jours auparavant, sous les voûtes solennelles de Notre-Dame, faisaient regarder, à tort ou à raison, l’archevêque comme l’auteur voilé de ces fatales ordonnances qui soulevaient d’indignation toute la ville. De farouches menaces avaient été proférées dans les groupes ; la vie de M. de Quélen était en danger : surpris par ces grandes eaux de la révolte qui débordent tout-à-coup comme l’océan, il n’avait eu que le temps de gagner en hâte l’hospice de la Pitié, où il s’était caché parmi les malades. M. Geoffroy, demeurant dans le voisinage, est instruit par M. Serres de l’arrivée de M. de Quélen dans l’hospice, de l’infortune de ce prélat, et du danger qui menaçait ses jours. Il court auprès de M. de Quélen, qu’il connaissait, et, touché par son état de détresse, lui offre un asile