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Voulant mourir et non plier ;
Napoléon la prit dans sa pourpre régnante
Et traînait aux combats la France encor saignante
Sur la croupe de son coursier.

Sa tête dans les airs penchait échevelée,
Et les balles trouaient sa robe violée
Du Louvre au grand Escurial ;
Mais, de peur qu’on ne vît son sang dans une attaque,
Napoléon jetait sur elle sa casaque
Comme un linceul impérial.

Elle demandait grâce… et sourd aux voix plaintives
Il attachait encor les nations captives
Aux crins sanglans de son cheval.
Il foulait au galop les rois, les diadèmes,
Et ne pouvait dormir durant ses nuits suprêmes,
Tant qu’il lui restait un rival.
 
Il avait une cour pavée en têtes d’hommes,
Et dans ses jeux royaux, tout Français que nous sommes
Il nous attelait à son char ;
L’Europe fournissait du bronze à sa colonne :
Les rois avec leur or lui forgeaient sa couronne
Et baisaient les pieds du César.