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Le passant qui, de loin, voit ta face ternie,
Entre les bois touffus et les peupliers verts,
Croit que dans tes donjons, la vieille tyrannie
Voudrait encor renaître ; ou qu’un mauvais génie
Habite sous tes murs déserts.

Passant, monte avec moi ces marches sans lumière,
Et regarde là-bas ces champs encor fleuris :
Ne vois-tu pas blanchir l’enclos du cimetière ;
Contemple ce gazon, cette tombe sans pierre ;
— C’est ici que repose un fils !

Ô ma muse, toujours à la douleur fidelle.
Priant, échevelée auprès des vieux tombeaux,
Ici, voile ton front des plumes de ton aile ;
Renferme dans ton cœur une plainte éternelle.
De peur d’éveiller des sanglots !
 

III.



Adieu, château que j’aime, aux tourelles gothiques,
Qui m’accordas les droits de l’hospitalité,
Comme jadis Ferrare, en des temps héroïques,
Du Tasse encore errant reçut la pauvreté :

Adieu, charmant pays, où, quand le jour s’éveille,
Je venais sous les bois chanter avec l’oiseau,
Où la muse, tout bas, parlait à mon oreille
Et sa main dans la mienne entrait sous un berceau