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— Ne crains rien, Nohémi, car sa vague si pure
A caressé souvent ma longue chevelure ;
Je suis sur ces rochers frère de l’Océan,
Et pour guider ma nef amour sera ma voile,
Ton souvenir ma bonne étoile
Et ce baiser mon talisman.

— Oh ! ne me quitte pas ; cède à mon vœu rebelle ;
Peut-être à ton retour je ne serai plus belle !
Pourtant je t’obéis puisque fille le doit :
Mais pour que loin de moi, souvent il te souvienne
Qu’une main aspire à la tienne,
Oh ! mets cette bague à ton doigt.

— Sous un ciel étranger ne crains pas qu’on t’oublie,
J’emporterai partout ton image embellie :
Mais je laisse, en fuyant du séjour des hivers,
Mon soleil dans tes yeux, près de toi mon empire,
Mon doux printemps dans ton sourire
Et dans ton cœur mon univers.

Adieu I — Déjà la nef sous le frein mugissante
Fend la mer, en ouvrant son aile frémissante.
Pense à moi ! — Dans les airs vole un dernier baiser,
Et le vaisseau, roulant dans l’Océan immense,
Parfois jusques aux cieux s’élance,
Ou semble aux enfers s’abaisser.