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Je goûtai le bonheur et cette paix immense
De sentir dans son cœur Dieu descendre en chantant,
De demeurer sans voix en sa sainte présence
Et de laisser parler cet amoureux silence
Que le Seigneur entend.

Dire à son Dieu qu’on l’aime, et le redire encore ;
Dans ses pleurs à longs flots épandre son amour ;
Sentir son cœur voler vers celui qu’on adore ;
Soupirer de bonheur et désirer l’aurore
De l’éternel séjour ;

Se plaindre avec amour, comme un fils à son père,
Que nos jours ici bas sont abreuvés de fiel ;
Lui dire : Quand viendra le moment qu’on espère ?
Que cette vie est longue et que l’absence amère
Fait désirer le ciel ;

Et puis, avoir en soi comme une ame nouvelle,
Ne plus sentir qu’on vit, être au ciel, être Dieu,
Épancher sur ses jours cette joie éternelle :
C’est là tout le bonheur que notre ame fidelle
Peut attendre en ce lieu.