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Elle est nue ; avec bruit la foule l’environne,
C’est à qui sous les pieds sèmera sa couronne,
À qui l’étouffera de baisers inhumains :
Quand elle n’en peut mais, pour achever leur orge,
Ils posent en vainqueurs leurs genoux sur sa gorge,
Ou dansent en frappant des mains.

Elle est là demi-morte et la tête qui penche ;
Des stigmates d’horreur souillent sa robe blanche ;
Plus d’un baiser impur sur sa lèvre est gravé :
Puis leurs bras étreindront sa poitrine gonflée,
Jusqu’à ce que bientôt cette femme essoufflée
Agonise sur le pavé.



Entouré de parfums et de lumières vives,
Ce banquet, c’est la cour : les rois sont les convives :
Les dogues aboyant dans l’ombre avec fierté,
C’est le peuple en émoi : la femme échevelée
Qu’ils ont brutalement meurtrie et violée, —
Cette femme… est la liberté.