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si vive dans l’affaire des Champarts vient de ce qu’ils craignent qu’une fois qu’il aura été porté une main profane sur ce qu’ils s nomment le droit sacré de la propriété, l’irrespect n’aura plus de bornes. Ils manifestent très généralement leurs craintes sur ce qu’espèrent les défenseurs de ceux qui ont faim, je veux toujours dire sur la loi agraire, pour un moment fort prochain ; bon avis à porter (?) sur nos tablettes.

J’aime à m’étendre sur le grand sujet que je traite devant une âme aussi sensible que je connais la vôtre. Car enfin c’est du pauvre auquel on n’a point songé encore ; c’est, dis-je, du pauvre qu’il doit être principalement question dans la régénération des lois d’un Empire ; c’est lui, c’est la cause qu’il intéresse le plus de soutenir. Quel est le but de la société ? N’est-ce point de procurer, à ses membres la plus grande somme (?) de bonheur qu’il est possible ? Et que servent donc toutes vos lois lorsqu’en dernier résultat elles n’aboutissent point à tirer d la profonde détresse cette masse énorme d’indigents, cette multitude qui compose la grande majorité de l’association ? Qu’est-ce qu’un comité de mendicité qui continue d’avilir les humains en parlant d’aumônes et de lois répressives tendantes à forcer le grand nombre des malheureux de s’ensevelir dans des cabanes et d’en mourir d’épuisement, afin que le triste spectacle de la nature en souffrance n’éveille point les réclamations des premiers droits de tous les hommes qu’elle a formés pour qu’ils vivent et non pas pour que quelques-uns d’eux seulement accaparent la substance de tous.

On a souvent parlé de donner une propriété prise sur les biens du clergé à tout soldat Autrichien ou autre (illisible) de despote qui, renonçant à exposer sa vie pour la cause des tyrans, viendrait se jeter sur notre bord… Comment a-t-on pu penser à être si généreux [envers des hommes ? ] que le seul intérêt du moment déterminerait à ne plus vouloir nous faire du mal, et oublier que nous avons le plus grand nombre de nos concitoyens qui languissent épuisés de toutes les ressources nécessaires pour soutenirleur existence ?

Législateur, que votre humanité connue a fait élever sur le grand théâtre où je vous vois ! Conclurez-vous avec moi que c’est une vérité que la fin et le couronnement d’une bonne législation est l’égalité des possessions foncières, et que les vues secrètes d’un vrai défenseur des droits du Peuple doivent toujours se porter vers ce but ? Qui sont les hommes que nous admirons le plus et que nous révérons comme les plus grands bienfaiteurs de l’humanité ? Les apôtres des lois agraires, Lycurgue chez les Grecs, et à Rome, Camille, les Gracchus, Cassius, Brutus, etc. Par quelle fatalité ce qui commande envers les autres nos plus