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d’expression du vœu général, qui est, en principes, la loi la réclamation des premiers droits de l’homme, par conséquent du pain honnêtement assuré à tous. Loi agraire.

4º Que toutes les causes nationales soient traitées en pleine assemblée et qu’il n’y ait plus de comités… De là disparaît cette négligence, cette apathie, cette insouciance, cet abandon absolu à la prétendue prudence d’une poignée d’hommes qui mènent toute une assemblée, et près desquels il est bien plus facile de tenter la corruption. De là l’obligation par tous les sénateurs de s’occuper essentiellement de cet objet mis à la discussion, et de se déterminer en connaissance de cause ; de là l’éveil donné à tous les défenseurs nés du Peuple et la nécessité de soutenir ses droits les plus chers, par conséquent de veiller à ce que précisément tous puissent vivre. La loi agraire.

5º Que le temps de la réflexion soit amplement accordé pour la discussion de toutes les matières… De là va résulter que non seulement les improviseurs, les étourdis, les parleurs perpétuels, les gens qui débitent toujours avant d’avoir pensé, ne soient pas les seuls en possession de déterminer les arrêtés, mais qu’encore les gens qui aiment à méditer un plan avant de prononcer, influenceront aussi sur les décisions. De là un phraseur intéressé à combattre tout ce qui est juste ne viendra plus lestement vous écarter une bonne proposition par quelque rien subtil et propre seulement à faire illusion ; et si on vient parler pour celui dont les besoins pressent le plus, l’honnête homme peut peser ( ?) et appuyer la proposition et obtenir le triomphe de la sensibilité. Grand acheminement à la loi agraire.

Eh bien ! Frère patriote, si les principes que je viens de poser ont toujours été les vôtres, il faut y renoncer aujourd’hui si vous ne voulez pas la loi agraire, car, ou je me trompe bien grossièrement, ou les conséquences dernières en ces principes sont cette loi. Vous travaillerez donc efficacement en sa faveur si vous persistez dans ces mêmes principes. On ne compose point avec eux et si, au for intérieur, vous vous proposez en fin de cause quelque chose de moins que cela dans votre tâche de législateur, je vous le répète, liberté, égalité, droits de l’homme seront toujours des paroles redondantes et des mots vides de sens.

Je le redis aussi de nouveau, ce ne serait point là les intentions qu’il faudrait d’abord divulguer ; mais un homme de bonne volonté avancerait beaucoup le dénouement s’il s’attachait à faire décréter toutes nos bases ci-dessus posées sur le fondement de la plénitude des droits de liberté dûs à l’homme, principe qu’on peut toujours invoquer et professer hautement et sans courir de danger. Ce qu’on appelle les aristocrates ont plus d’esprit que nous ils entrevoient trop bien ce dénouement. Le motif de leur opposition