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férée même par les plus heureux de ce monde, s’ils entendaient bien leurs vrais intérêts…, qu’enfin il n’est pas vrai que la disparition des arts serait le résultat forcé de ce nouvel arrangement, puisqu’il est sensible au contraire que tout le monde ne pourrait pas être laboureur ; que chaque homme ne pourrait pas plus qu’aujourd’hui se procurer à lui seul toutes les machines qui nous sont devenues nécessaires ; que nous ne cesserions pas d’avoir besoin de faire entre nous un échange continuel de services et qu’à l’exception de ce que chaque individu aurait son patrimoine inaliénable, qui lui ferait dans tous les temps et toutes les circonstances un fonds, une ressource inattaquable contre les besoins, tout ce qui tient à l’industrie humaine resterait dans le même état qu’aujourd’hui ?…

Je vais vous prouver, à vous-même, cher frère, et en même temps à moi, que vous partez pour l’assemblée législative avec les dispositions de faire consacrer tout cela comme articles de foi constitutionnelle. Je vous ai dit dans ma précédente, que mes vœux seraient : 1º Que les législateurs de toutes les législatures reconnussent pour le peuple qu’Assemblée constituante est une absurdité ; que les députés commis par le peuple sont chargés dans tous les temps de faire tout ce qu’ils reconnaîtront utile au bonheur du Peuple… De là obligation et nécessité de donner la subsistance à cette immense majorité du Peuple qui, avec toute sa bonne volonté de travailler, n’en a plus. Loi agraire, Egalité réelle.

2º Que le veto, véritable attribut de la souveraineté, soit au Peuple, et avec un succès assez apparent (puisque nous avons vu depuis, dans le petit ouvrage De la rati fication de la Loi que je vous ai communiqué, que mes moyens ressemblent à ceux de l’auteur), j’en ai démontré la possibilité d’exécution, contre tout ce qui a pu être dit au contraire… De ce veto ( ?) du Peuple ne faut il pas attendre qu’il sera demandé pour la partie souffrante et toujours exposée jusqu’alors à ce cruel sentiment de la faim, un patrimoine assuré. Loi agraire.

3° Qu’il n’y ait plus de division des citoyens en plusieurs classes ; admission de tous à toutes les places ; droit pour tous de voter, d’émettre leurs opinions dans toutes les assemblées ; de surveiller grandement l’assemblée des Législateurs ; liberté des réunions dans les places publiques ; plus de loi martiale ; destruction de l’esprit de corps des G. Nat. (gardes nationales) en y faisant entrer tous les citoyens sans exception, et sans autre destination que celle de combattre les ennemis extérieurs de la Patrie… De tout cela nécessairement va découler l’extrême émulation, le grand esprit de liberté, d’égalité, l’énergie civique, les grands moyens de manifestation de l’opinion publique, par conséquent