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pompe au milieu du peuple ; puis on eût remis à chaque nouveau citoyen un habit militaire et un armement complet sur lequel devait être gravé son nom[1]. »

Dès lors les jeunes gens assistent aux assemblées ; tous prennent part à la gestion de la chose publique. La liberté serait menacée et bientôt perdue, si un groupe plus ou moins restreint de citoyens, « exclusivement au fait des principes de l’art social, » était investi de droit ou par le fait de sa supériorité, du privilège de gouverner la communauté. Cette intervention perpétuelle de tous dans les affaires n’aura d’ailleurs rien d’onéreux : la vie politique est la source de vifs plaisirs et comme les citoyens de la République des Egaux, depuis la suppression de la propriété individuelle et la mise en régie du travail, unt beaucoup de loisirs, rien ne les empêchera d’assister aux assemblées autant de fois qu’il sera nécessaire, quelle que soit la fonction dont le choix public les aura chargés[2].

Ces assemblées sont de trois sortes : les assemblées de souveraineté, l’assemblée centrale des législateurs, le corps des conservateurs de la volonté nationale.

Les conjurés se préparaient à organiser le gouvernement direct dont le principe avait été posé par la Constitution de 1793. Les assemblées de souveraineté siégeant dans chaque arrondissement eussent été la source de toute l’action politique. Ou bien la majorité d’entre elles eût voté une loi à l’état de projet, et ce projet, rédigé à nouveau par l’assemblée des législateurs, eût été soumis à leur ratification définitive ; ou bien l’initiative de la loi eût été prise par l’assemblée des législateurs, mais cette loi eût été portée

  1. Tome I, p, 234. C’est le pendant du passage de Rousseau où tous les Corses sont appelés individuellement à déclarer s’ils acceptent ou non la Constitution nouvelle.
  2. Tome I, p. 266.