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En un mot la vie politique dans la société idéale exclut toute contrainte et résulte du concours de volontés convergentes.

Si donc, comme le pensait Rousseau d’accord lui-même avec Platon, l’éducation est « le moule des mœurs, » l’éducation est, après l’alimentation publique, la fonction la plus importante de l’Etat. Aussi était-elle pour le comité insurrecteur « un objet de prédilection, parce qu’il la considérait comme le fondement le plus solide de l’égalité sociale et de la République, » parce que c’est elle « qui donne au peuple, » en le rendant indépendant des anciens privilégiés de la fortune et du savoir, « la possibilité d’être réellement souverain[1]. »

L’éducation doit être nationale, commune, égale pour tous. Nationale d’abord. « L’éducation devant compléter la réforme, maintenir et affermir la République, celle-ci est le seul juge compétent des mœurs et des connaissances qu’il lui importe de donner à la jeunesse. D’un autre côté le principal objet de l’éducation doit être de graver dans les cœurs les sentiments de fraternité générale que contrarie et repousse le régime exclusif et égoïste des familles. » « Plus d’éducation domestique, plus de puissance paternelle, » dit Buonarroti avec Platon. En quoi il semble s’écarter de Rousseau dont l’Emile expose un plan d’éducation individuelle dans la famille. Mais d’abord

    suivi la conjuration. On ne rêvait qu’accord spontané, que libre concours et on était en train de faire l’Empire ! Mais c’est précisément parce que l’autorité répondait à un vœu unanime qu’elle n’a pour ainsi dire pas été sentie pendant plusieurs années. Tout le système de Fourier suppose une administration très active et partout présente dont Fourier ne parle jamais. Le mot Empire signifiait depuis 1789 une grande nation libre à l’antique. Et même le régime militaire n’excluait pas dans les idées de ce temps-là l’obéissance par choix et par entraînement. Il y avait peu de punitions dans les armées du Directoire et de l’Empire.

  1. Pages 280 et 288.