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rents, conspirent en réalité avec les riches contre les pauvres. Elle a donc été légitime en 1789, dans la mesure où elle voulu réaliser le bonheur commun, bien qu’elle ait fait plus alors pour la liberté que pour l’égalité. Robespierre a été plus loin : il a tenté d’établir l’égalité. Mais le bonheur commun n’est pas assuré. La révolution n’est pas finie. Une révolution qui ne donne pas le bonheur à tous est un crime, a dit Robespierre. Il faut donc recommencer celle-ci en la poussant plus à fond. Et toutes les fois que les gouvernants manquent à leur devoir essentiel, toutes les fois que des inégalités s’introduisent dans l’Etat, la révolution doit reprendre son cours ; alors, pour tous, l’insurrection est le premier des devoirs. Ceux qui s’adressent à leurs concitoyens pour ranimer dans leurs âmes le feu sacré des réformes égalitaires, font œuvre sainte et glorieuse le droit au bonheur est imprescriptible. La révolurtion ne sera finie que le jour où ce bonheur sera établi sur la base inébranlable de l’égalité. C’est dire qu’elle ne le sera jamais et qu’aucun gouvernement n’est légitime.

Tels sont les principes dont Babeuf et Buonarroti nous exposent l’enchaînement : supposons avec eux la révolution close et voyons quelle organisation est réservée à la société affranchie de la tyrannie des riches et des mauvaises mœurs.