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sifs dans le gouvernement, depuis le haut jusqu’au bas de la hiérarchie sociale, puisque la force communiquée à tout le système était la volonté nationale ! Et peu à peu l’administration devenait une institution populaire l’unité, la régularité, la célérité, le contrôle, l’ordre administratifs étaient l’idéal et le but des gouvernements successifs, avec la complicité de la nation tout entière. Si bien que, quand le premier consul posa la main sur la machine pour la mieux ajuster et la mettre en branle avec la virtuosité que l’on sait, elle était déjà munie de ses principales pièces : notre pays était à l’œuvre pour se pourvoir d’un grand outillage administratif destiné à faire pénétrer dans toutes les parties du corps social la volonté du peuple, le nouveau souverain, et la justice sociale. Les rapports des commissaires envoyés par le premier consul en l’an IX pour dresser un inventaire de ce travail dans les diverses régions de la France, en font foi.

Nous voyons dans les diverses formes du socialisme des élans de l’imagination sociale qui outre et altère à force de les grandir les procédés de gestion économique que la pratique révèle d’époque en époque. Ce sont les symptômes très visibles d’institutions nouvelles qui naissent obscurément sans plan préconçu ; ce sont aussi dès moyens de vulgarisation un peu grossiers, empruntés à des formes archaïques, qu’elles se donnent à leurs risques et périls. Le communisme de Babeuf est une débauche d’administration. Voilà le trait qu’il ajoute aux systèmes de ses devanciers. En effet, la plupart des philosophes du xviiie siècle n’ont pas voulu autre chose qu’un partage des terres, inaugurant un régime d’indépendance communale dans des cités rustiques, et c’était si bien sous cette forme que le socialisme s’était propagé, que les conjurés ont cru devoir, à leur corps défendant, promettre qu’une distribution de