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giques auxquels ils confieront le soin de haranguer et électriser le peuple. Ils tireront en même temps parti de l’éloquence pathétique et persuasive des femmes, qu’ils dirigeront vers les soldats, auxquels elles présenteront des couronnes civiques, en les exhortant, par toutes les considérations puissantes qu’elles peuvent employer, à se confondre dans les rangs du peuple… » Quand les troupes régulières fraterniseront avec le peuple, on aura soin de les empêcher de marcher en rangs sous la conduite de leurs officiers, et les sans-culottes devront se mêler à elles. On croirait vraiment, si les instructions ne prescrivaient pas de réquisitionner des chevaux et des voitures pour le transport des vivres, des munitions et des blessés, qu’il s’agit d’une grande manifestation pacifique ou tout au moins que la défection générale des soldats est assurée. Le comité insurrecteur prévoit que la victoire du peuple une fois accomplie, il y aura lieu de dérouler « théâtralement et comme venant des nues, » aux applaudissements de la foule, des bannières portant des inscriptions, et son chef rédige des adresses qui commencent par ces mots : « Peuple triomphateur ! »

Voilà pour le côté militaire des opérations insurrectionnelles. Vient ensuite la partie en quelque sorte administrative et politique. Nous continuons à suivre d’aussi près que possible les actes officiels du futur gouvernement publiés par Buonarroti. La nouvelle administration se greffera sur l’administration révolutionnaire de l’an II. « Vous ordonnerez de notre part, est-il dit aux agents, à trois membres des comités révolutionnaires de chaque section de votre arrondissement qui étaient en exercice au 9 thermidor, et qui se sont conservés les plus purs, de rentrer en fonctions au premier coup de tocsin. » En général est ordonné « le rétablissement subit des commissions exécutives, des administrations de département et de dis-