cation ne pouvait être comparé aux journaux de Babeuf. Bien qu’ils ne fussent tirés qu’à deux ou trois mille exemplaires, ils remuaient les esprits. On en vendait jusque dans les armées du Nord et de l’Italie. Nous avons donné un spécimen de cette rhétorique à grand ramage, qui renchérissait à chaque ligne sur le sublime du Conciones. Elle était dans le goût du temps ; elle n’avait point été usée par la répétition. Le gouvernement voulut arrêter Babeuf ; il s’échappa des mains des agents et courant à travers Paris, fut arrêté, puis relâché à deux reprises au
Sachons enfin où nous en sommes.
Réveillez-vous à notre voix
Et sortez de la nuit profonde.
Peuple ! ressaisissez vos droits :
Le soleil luit pour tout le monde !
Tu nous créas pour être égaux,
Nature, ô bienfaisante mère !
Pourquoi des biens et des travaux
L’inégalité meurtrière ? (Réveillez-vous…)
…Dans l’enfance du genre humain
On ne vit point d’or, point de guerre,
Point de rang, point de souverain,
Point de luxe, point de misère.
La sainte et douce Egalité
Remplit la terre et la féconde :
Dans ces jours de félicité
Le soleil luit pour tout le monde.
…Hélas bientôt l’ambition
En s’appuyant sur l’imposture,
Osa de l’usurpation
Méditer le plan et l’injure. (Réveillez-vous…)
On vit des princes, des sujets,
Des opulents, des misérables.
On vit des maîtres, des valets :
La veille tous étaient semblables. (Réveillez-vous…)
Et vous, Lycurgues des Français,
Ô Marat, Saint-Just, Robespierre !
Déjà de vos sages projets
Nous sentions l’effet salutaire ;
…Déjà vos sublimes travaux
Nous ramenaient à la nature ;
Quel est leur prix ? Les échafauds,
Les assassinats, la torture ! (Réveillez-vous… etc.)