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fi la Souveraineté, » la subsistance et une éducation égale assurées à tous : nous savons d’où vient ce programme. Il montre alors avec Mably que « tout cela part d’un point commun et va encore aboutir à un même centre, » qui n’est autre que la loi agraire. Là est le « grand mystère, » là est « le secret qui doit briser les chaînes humaines. » Et il essaie de prouver que tous les articles du programme politique nécessaire à l’heure présente supposent ou entraînent la loi agraire. Mais personne n’en veut ? Coupé lui-même n’en est peut-être pas partisan ? Babeuf prévoit des objections. Il répond « que la terre ne doit pas être aliénable ; qu’en naissant chaque homme en doit trouver sa portion suffisante, comme il en est de l’air et de l’eau ; qu’en mourant il doit en faire hériter non ses plus proches dans la société, mais la société entière, que ce n’a été que ce système d’aliénabilité qui a transmis tout aux uns et n’a plus laissé rien aux autres ; qu’un nouveau partage ne ferait que remettre les choses à leur place. » Il assure du reste que, le partage de la terre en lots inaliénables une fois accompli, les transactions pourraient suivre pour tout le reste leur cours ordinaire et que « tout ce qui tient à l’industrie humaine resterait dans le même état qu’auy jourd’hui. » Il n’est donc point encore communiste. Il se Contenterait du partage. Il ne se dissimule pas cependant que ses projets sont hardis ; ce ne sera pas de sitôt qu’il pourra les confier même à voix basse à d’autres qu’à Coupé. Il faut donc travailler sous le masque à leur réalisation. Il faut imiter Robespierre qui, ainsi que Pétion, est agrairien, mais qui est bien « obligé de louvoyer parce qu’il sent que le temps n’est pas encore venu. » Une tactique secrète sera d’autant plus nécessaire, que les riches voient le danger, et savent que c’est à leurs propriétés qu’on en veut. Babeuf clot sa lettre par une offre de collaboration il serait flatté de devenir le secrétaire de