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révolution du pauvre… ; mais révolution douce et paisible qui s’opère sans alarmer la propriété et sans offenser la justice. Adoptez les enfants des citoyens sans propriété et il n’existe plus pour eux d’indigence. » Et Robespierre, soutenant ce projet, disait « Je demande que vous décrétiez que depuis 5 ans jusqu’à 12 pour les garçons, jusqu’à 11 pour les filles, tous les enfants sans distinction et sans exception seront élevés en commun aux dépens de la République et que tous, sous la sainte loi de l’Egalité, recevront mêmes vêtements même nourriture, même instruction, mêmes soins. » Que n’est-il possible de maintenir les générations sous cette douce loi de la communauté jusqu’à l’âge viril ! « Quelquefois nous l’avons rêvé délicieusement avec Platon. »

Prétexte à taxation, avons-nous ajouté, car les riches seuls dans le projet de Le Peletier sont appelés à subvenir aux dépenses de l’école. « Ainsi la pauvreté est secourue dans ce qui lui manque ; ainsi la richesse est dépouillée d’une portion de son superflu et, sans crise ni convulsion, ces deux maladies du corps politique (Le Peletier aussi avait lu la République de Platon) s’atténuent insensiblement. » Mais ce qui achève de caractériser ce groupe de projets, c’est que l’école ; la maison commune y est en effet soumise au régime de la communauté, qu’elle devient un petit phalanstère. Les vieillards y sont nourris ; il n’y a pas de domestiques, ce sont les enfants qui servent les vieillards et accomplissent toutes les besognes intérieures. De plus l’école est alimentée par le travail des élèves, travail agricole bien entendu, qui emploie presque tout leur temps, et par le revenu personnel des élèves riches, qui est versé à la masse. Il faut croire que l’auteur du projet ne compte pas sur des bénéfices considérables, puisqu’il annonce que les riches du canton seront appelés à combler