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supprima, comme pas assez démocratique, la Convention établit (le 25 juillet 1795) un véritable impôt somptuaire sur les cheminées, les poêles, les domestiques mâles et les chevaux. » Les contributions proposées, disait le rapporteur, doivent paraître tout à la fois morales et politiques ; elles n’atteignent que la richesse, en soulageant l’indigence, en réduisant les jouissances nécessaires à de justes bornes. » Enfin le Directoire s’en prenait non plus aux signes de la richesse, mais à la richesse elle-même par la loi du 1er août 1797, qui revenait à l’impôt personnel et mobilier, et réglait la part de chaque contribuable en raison de ses produits et de ses revenus, déduction faite des charges. Qui fixe cette part, qui détermine les revenus ? Un jury d’équité à la majorité absolue des suffrages. D’après quelle règle ? Sans règle, d’après ses impressions. C’étaient les riches maintenant qui étaient taillables etj corvéables à merci.

N’oublions pas que la guerre a été déclarée par la Convention à « l’aristocratie marchande, la plus vile de toutes » (disait Barère), comme elle l’avait été par la Constituante à l’aristocratie territoriale ; que les taxes collectives et individuelles, frappées sur les riches de toutes les grandes villes, ont été considérables : à Lyon, avant la révolte, six millions ; à Marseille, quatre ; à Lille, 2,400,000 livres, plus, sous le nom de souscription fraternelle, 400, 000 livres ; à Belfort, 136,000 livres ; à Strasbourg, des taxes individuelles variant de 200 à 10,000 livres ; à Troyes, d’autres taxes individuelles qui portent sur 373 personnes et vont de 100 à 50,000 livres, total : un million et demi ; pensons que Bordeaux, Nantes, Lyon[1] et Toulon ont été rançonnées comme villes

  1. À Lyon, trois mille ouvriers furent payés longtemps pour la démolition des maisons des riches. Un ordre du représentant Maignet les appelle de la place Bellecour au quai Saint-Clair