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d’autres fois, la Divinité lui parle par des songes et des visions ; d’autres fois, elle l’avertit par les événements ordinaires de la vie. La différence du bien et du mal résulte d’une voie que Dieu a tracée et qu’il révèle à l’homme, Dieu récompense le bien et punit le mal en cette manière : l’homme de bien meurt en son temps et descend aux enfers sans s’en apercevoir ; le méchant, au contraire, meurt avant le temps. Toute mort violente, toute maladie longue et cruelle était ainsi regardée comme une punition de fautes cachées. Le dictionnaire lui-même s’opposait énergiquement à ce qu’une autre doctrine prévalût. Les mots crime, châtiment, peine, souffrance, injustice, malheur sont, en hébreu, presque indiscernables, et le traducteur qui a lutté presque à chaque pas contre les difficultés qu’offrent des mots tels que שָׁוְא אָוֶן עָמָל, comprend mieux que personne l’impossibilité où était l’esprit hébreu d’arriver, avec des mots si confus, à une distinction que nous regardons comme le principe de toute moralité.