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de Platon et les soutras bouddhiques nous offrent le modèle. L’auteur, comme tous les Sémites, n’a pas l’idée des beautés de composition résultant de la sévère discipline de la pensée. Il procède par intuitions vives, non par déductions. Un problème insoluble est posé ; une immense contention d’esprit est dépensée pour le résoudre ; le dieu apparaît à la fin, non, comme dans le drame classique, pour dénouer l’énigme, mais pour en montrer par des traits plus vifs encore l’insondable profondeur.

Loin de nous la pensée de demander à ces livres antiques les qualités que nous devons à notre amoindrissement ! S’ils nous frappent comme une révélation d’un autre monde, s’ils causent à nos âmes cette profonde émotion que porte avec elle l’expression première et naïve de toute grande pensée, n’en est-ce pas assez pour expliquer l’admiration des âges et justifier l’enthousiasme qui leur a fait décerner le titre de sacrés ? Une circonstance, d’ailleurs, transforme le défaut de méthode qui blesse le logi-