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diverses se fondaient en une seule, et la boule de neige s’incorporait bien des graviers. Je ne puis mieux expliquer ma pensée, qu’en comparant ce mode antique de rédaction à celui que nous offrent certains livres populaires des Églises d’Orient, de Syrie, par exemple, et en particulier les romans pieux sur l’Ancien et le Nouveau Testament, désignés sous le nom d’Apocryphes. Ayant cherché à publier un de ces écrits[1], je trouvai autant de textes que de manuscrits. L’un ajoutait, l’autre retranchait ; l’un était inexplicable sans l’autre, et je reconnus que s’il n’était resté qu’un seul manuscrit, il eût été impossible d’arriver, pour plusieurs passages, à la véritable pensée de l’auteur.

Telle est à peu près notre position à l’égard du

  1. Journal asiatique, décembre 1853. Les derniers livres bibliques, qui n’arrivèrent jamais à une consécration canonique bien complète, Tobie, Judith, Esther, Daniel, présentent aussi une rédaction très-flottante et beaucoup d’interpolations.