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pitres xxxviii et suivants. Jéhovah, avec une simplicité patriarcale, demande : « Quel est le père de la pluie ? » Elihou sait déjà que ce sont les émanations des eaux qui forment les nuages et retombent ensuite en gouttelettes sur la foule des mortels (xxxvi, 27, 28.) Sa philosophie est de même plus mûre et plus arrêtée que celle de Job et de ses trois amis, ses idées morales sont plus raffinées ; mais le souffle du génie lui manque complètement. Une telle contradiction ne doit pas surprendre : le livre de la Sagesse est certainement bien plus systématique et plus riche en théories que les anciens livres sapientiaux ; et pourtant qui voudrait le préférer à ceux-ci, sous le rapport du goût, de l’inspiration, de la naïveté ?

Je regarde donc comme certain que le discours d’Elihou a été interpolé postérieurement à l’époque où le livre de Job était arrivé à la forme où nous le voyons. Il est impossible de dire si cette insertion a suivi de près l’achèvement du poème, ou si elle en a été séparée par un long intervalle. Un