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du morceau dont il s’agit est si caractérisée qu’il ne faut pas hésiter cette fois à se prononcer. Le style d’Elihou est froid, lourd, prétentieux. L’acteur se perd dans de longues descriptions sans vivacité[1], surtout si on les compare aux traits pénétrants du discours de Jéhovah. Il laisse quelquefois son kalâm errer presque au hasard ; la rédaction de certains passages (par exemple, xxxvii, 6 et 12) est tout à fait négligée. Son langage est obscur et présente des difficultés d’un ordre particulier. Dans les autres parties du poème, l’obscurité vient de notre ignorance et du peu de moyens que nous avons pour comprendre ces antiques documents ; ici l’obscurité vient du style lui-même, de sa bizarrerie et de son affectation[2]. A part quelques passages dont l’imperfection peut être attribuée à la

  1. Voir p. 159 et suiv.
  2. L’expérience d’un traducteur est ici un excellent moyen de discernement. En passant des paraboles de Job au discours d’Elihou, il se sent transporté brusquement d’un monde à un