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Non-seulement, en effet, ce discours dérange l’économie du poème, puisqu’il n’est guère qu’une répétition de ce qui a précédé et qu’il affaiblit d’avance l’effet du discours de Dieu ; mais l’interpolateur a pris si peu de soin de cacher son addition que l’entrée et la sortie d’Elihou sont en pleine contradiction avec le reste de l’ouvrage. Dans le prologue, en effet, qui prépare le drame et où tous les personnages sont nommés, il n’est nullement question de ce nouvel interlocuteur ; l’auteur de l’interpolation est obligé, pour rendre compte de son apparition inattendue, de donner une explication rétrospective (xxxii, 4). Considération bien plus grave encore ! Jéhovah prenant la parole après le discours d’Elihou (xxxviii, 1) adresse la parole à Job et

    Wette, Ewald, Hirzel, Knobel. L’authenticité est défendue par Schære », Steeudlin, Bertholdt, Jahn, Rosenmûller, Umbreit, Arnheim, Stickel, mais pour des raisons assez faibles, et en partant presque toujours de l’idée que l'ensemble du poëme a été écrit à une époque très-moderne.