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si judicieux, manquent ici de finesse. Parmi tous les idiotismes qu’il a recueillis, je n’en vois aucun qui soit l’indice d’une langue affaiblie et qu’on ne retrouve dans les écrits d’Amos, d’Osée, et dans le cantique de Débora, dont tout le monde cependant reconnaît l’ancienneté. La langue du livre de Job est l’hébreu le plus limpide, le plus serré, le plus classique. On y trouve toutes les qualités du style ancien, la concision, la tendance à l’énigme, un tour énergique et comme frappé au marteau, cette largeur de sens, éloignée de toute sécheresse, qui laisse à notre esprit quelque chose à deviner, ce timbre charmant qui semble celui d’un métal ferme et pur. Nulle part on ne se sent plus loin de cette facilité lâche, de cette platitude obligée d’une langue qui a cessé d’être parlée et qui est cultivée artificiellement. Le nombre des difficultés qui arrêtent le philologue est un criterium excellent, quand il s’agit de l’âge des écrits hébreux : or, les difficultés se rencontrent dans le livre de Job presque à chaque