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que n’était plus parlée, au moins dans sa pureté, et était devenue le partage des scribes et des lettrés.

Un passage fort grave, quoique non décisif, d’Ézéchiel (xiv, 14 et suiv.) confirme ce qui précède. Ezéchiel voulant nommer trois personnes justea par excellence, cite Noé, Daniel et Job. Ezéchiel commença à prophétiser l’an 595. Nous avons donc la certitude que Job, au vie siècle avant notre ère, était passé à l’état d’homme célèbre par sa sainteté, et qu’il avait déjà une légende développée. Mais peut-on conclure de là que le livre qui porte son nom existât ? On ne le peut rigoureusement. Ce livre, en effet, n’est pas un simple récit des épreuves et de la patience de Job ; c’est une composition artificielle, où les épreuves du vieux patriarche sont prises pour thème de discussions philosophiques. Loin que ces discussions soient de nature à relever la patience de Job, leur hardiesse singulière inviterait plutôt à supposer qu’Ézéchiel ne les connaissait pas quand il présentait Job comme un saint, Tout