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Si j’ai mangé seul mon morceau de pain,
Si l’orphelin n’en a pas toujours eu sa part ;

(Dès mon enfance, il a trouvé en moi un père.
Dès le ventre de ma mère, j’ai été le guide de la veuve.)

Si j’ai vu un homme périr sans vêtements,
Le pauvre manquer de couvertures,

Sans que ses reins m’aient béni,
Réchauffés par la toison de mes agneaux ;

Si j’ai levé la main contre l’orphelin.
Quand je me voyais appuyé à la porte[1] ;

Que mon épaule se détache de l’omoplate,
Que mon avant-bras soit séparé de l’humérus !

Toujours, en effet, j’ai craint les coups de Dieu,
J’ai senti mon impuissance devant sa majesté.
 

  1. C’est-à-dire, auprès des juges. Voir ci-dessus, p. 20, note.