Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/170

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je vous consolerais de ma bouche,
Et vous auriez pour soulagement la pitié de mes lèvres.



    Mais quoi ! si je parle, ma douleur n’est pas adoucie ;
Si je cesse ma plainte, qu’y gagné-je ?

Mes forces sont épuisées ;
Tu as ravagé toute ma famille ;

Tu m’as saisi comme un criminel ;
Ma maigreur est un témoin
Qui se lève contre moi et me répond en face.

Sa colère me déchire et me poursuit[1],
Il grince des dents sur moi.
Mon ennemi aiguise contre moi ses yeux.
 

  1. L’esprit troublé de Job confond ici dans une série d’images terribles Dieu et ses ennemis, passant brusquement d’une idée à l’autre.