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Que cette nuit soit stérile[1],
Qu’on n’y entende pas de cris d’allégresse !

Que ceux-là la maudissent qui maudissent les jours[2].
Qui savent à leur gré faire lever le Dragon[3] !

Que les étoiles de son matin soient obscurcies,
Qu’elle attende la lumière, sans que la lumière vienne,
Et qu’elle ne voie point les paupières de l’aurore ;

Puisqu’elle n’a point fermé le ventre qui me porta.
Et ne m’a point ainsi épargné la douleur !



    Que ne suis-je mort dès le sein de ma mère,
Au sortir de ses entrailles, que n’expirai-je !
 

  1. C’est-à-dire que personne n’y naisse plus.
  2. Enchanteurs auxquels on supposait le pouvoir de rendre néfastes certains jours, en prononçant contre eux des malédictions analogues à celles que Job prononce en ce moment.
  3. Dragon céleste, que presque toutes les astronomies mythologiques de l’Orient nous représentent comme prêt à s’élancer pour dévorer le soleil et la lune. On supposait que les magiciens avaient le pouvoir de le faire lever ou de produire ainsi des éclipses.