Page:Ernest Duchesne - Contribution à l’étude de la concurrence vitale chez les micro-organismes - antagonisme entre les moisissures et les microbes.pdf/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même but : ces deux savants ont voulu se rendre compte des conditions dans lesquelles le bacille pyocyanique pouvait empêcher la fermentation de la levure de bière.

Dans un premier tube à essai contenant de l’eau sucrée, ils ensemencent de la levure de bière ; le résultat se produit très rapidement, c’est la transformation du sucre en alcool.

Dans un second tube réalisant les mêmes conditions expérimentales, ils ajoutent une culture de bacille pyocyanique ; la fermentation ne se produit plus : le bacille peut donc empêcher le développement de la levure de bière, ou tout au moins son action pymogène.

Mais comment se produit cet antagonisme ? le microbe agit-il par sa toxine, par son protoplasme même mort, ou par son activité vitale plus considérable que celle de la levure ?

À cet effet, dans un tube d’eau sucrée ensemencée de levure de bière, on met une culture de bacille pyocyanique que l’on a stérilisée par l’acide carbonique, la bactérie est tuée ; seuls, restent son protoplasme mort et sa toxine. Dans ces conditions, la fermentation se fait, et plus rapidement même que dans le tube témoin (1).

Reste à voir quelle sera l’action de la toxine seule ? Pour cela, il suffit de filtrer la culture de bacille pyocyanique et de l’ajouter au ferment. Là encore nous avons une fermentation plus hâtive que dans le tube témoin.

C’est donc bien, concluent les deux expérimentateurs, le bacille pyocyanique seul, en qualité d’être vivant, qui entraîne la fermentation, puisque son protoplasma, privé de vie, et sa toxine, loin de l’entraver, l’activent. Nous sommes donc là en présence d’une véritable concurrence vitale.