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attendre la formation d’un mycelium pour que puissent se former des spores.

Les microbes possèdent deux modes de reproduction : indépendamment de la reproduction par spores comme les moisissures, laquelle ne s’opère que dans des circonstances très strictes, très limitées et qui ne sont pas toujours réalisées ; ils peuvent pulluler par scissiparité ou bipartition. Ce mode de reproduction n’existe pas chez les moisissures, tandis que, chez les microbes, il s’exerce constamment sans trêve ni repos dans tous les milieux et dans toutes les circonstances puisqu’il est l’aboutissant fatal de l’évolution de la cellule microbienne arrivée à l’état adulte.

Cette victoire des bactéries sur les moisissures est en somme un exemple de la supériorité de gros bataillons se renouvelant sans cesse sur une armée qui, considérable au début, manquerait de troupes de réserves et ne pourrait réparer ses pertes. Ce genre de concurrence est encore analogue à celle de deux peuples ayant à peu près mêmes besoins, mêmes mœurs, une vie moyenne identique, mais dont l’un serait très prolifique tandis que l’autre verrait sa natalité diminuer de plus en plus ; il est évident que le premier finira par l’emporter et cela sans même avoir besoin de recourir à la ruse ou à la guerre (dans l’espèce, les toxines microbiennes[1]).

Un fait important aussi, que nous a signalé M. le professeur agrégé Roux : les moisissures sont privées de

  1. Si l’on part d’un seul schizomycète et si l’on admet que chaque individu emploie une heure pour se développer et se diviser, après un jour, de ce seul organisme seront sortis environ 16 millions ; dans le jour suivant leur nombre se chiffrera par billions.