Page:Ernest Duchesne - Contribution à l’étude de la concurrence vitale chez les micro-organismes - antagonisme entre les moisissures et les microbes.pdf/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le milieu, débarrassé par raclage de la culture, était devenu impropre à la vie d’autres bactéries. Freudenreich[1] fit de nouvelles expériences à ce sujet ; pour cela, il prit comme milieu nutritif, du bouillon où il ensemençait une certaine espèce, attendait son développement complet, puis filtrait sur une bougie Chamberland ; le liquide stérile lui servait à ensemencer d’autres espèces. Pour beaucoup de ces espèces le développement était nul ou faible, d’autres au contraire ne semblaient pas influencées. À signaler encore les résultats de Soyka qui concordent avec ceux de Freudenreich[2].

Les raisons de cet antagonisme sont nombreuses ; on peut, d’après les auteurs, les ranger sous deux chefs, selon qu’elles proviennent du terrain de culture ou des toxines sécrétées par les bactéries elles-mêmes. L’oxygène est indispensable au plus grand nombre : les aérobies ; et, si une espèce opère plus rapidement que les autres sa soustraction d’oxygène au milieu, elle les met dans un état d’infériorité marqué et celles-ci périssent. Souvent, une espèce jouissant d’un développement très rapide parvient à former, à la surface du bouillon de culture, un voile continu, privant ainsi d’air les autres bactéries qui disparaissent.

Mais la part la plus grande reviendrait aux toxines fabriquées par telle ou telle espèce microbienne, toxines

  1. Freudenreich, De l’antagonisme des bactéries et de l’immunité qu’il confère aux milieux de culture (Annales de l’Institut Pasteur, 1888).
  2. Soyka, Die Entwickelung von pathogenen Spaltpilzen unter dem wechseleitigen Einfluss ihrer Zersetzungsprodukten (Forchritt der Medicin, 1888, p. 769).