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Le brigadier Frédéric.

VII

Après le grand passage des armées allemandes et le bombardement de la ville, des milliers de landwehr vinrent occuper le pays. Ces gens remplissaient tous les hameaux et les villages : ici une compagnie, là deux, plus loin trois ou quatre, commandées par des officiers prussiens. Ils gardaient les routes et les sentiers, ils faisaient des réquisitions de toute sorte : pain, blé, farine, foin, paille, bétail, tout leur était bon ; ils se plaisaient au coin du feu, parlaient de leurs femmes et de leurs enfants d’un air d’attendrissement, plaignaient le sort de leurs pauvres frères alsaciens et lorrains et soupiraient de nos misères. Mais tout cela ne les empêchait pas de bien manger et de bien boire à nos dépens, et de