Page:Erckmann-Chatrian - Le brigadier Frédéric, 1886.djvu/218

Cette page a été validée par deux contributeurs.

212
Le brigadier Frédéric.

XV

Le chemin de l’exil est long, Georges, et les premiers pas que l’on fait sur ce chemin sont lourds. Celui qui disait qu’on n’emporte pas la patrie à la semelle de ses souliers, se connaissait en souffrances humaines.

Et quand on laisse derrière soi son enfant, quand on croit encore entendre en marchant la grand’mère vous dire adieu ! Quand du haut de la montagne qui vous abritait du vent et vous couvrait de son ombre, au dernier détour du sentier, avant la descente, on se retourne et qu’on regarde sa vallée, sa maisonnette, son verger, en pensant : « Tu ne les verras plus ! » alors, Georges, il vous semble que la terre vous retient, que les arbres vous tendent les