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LA TAVERNE DU JAMBON DE MAYENCE.


On fit alors entrer Rosselkasten et tout l’orchestre, pour boire un coup. ( Page 69.)


et la honte alors retomberait sur ma tête. »

Ainsi parla le digne maître de taverne, et quoique personne ne comprît rien à ses raisons, Furst lui répondit :

« Ah ! c’est bien différent, bien différent ; j’ignorais ces choses. »

Au dernier jour, arrivèrent les envois de tous les pays d’Allemagne ; la grande salle était tellement encombrée de paniers, de bourriches, de colis, de caisses et de ballots, que cinq personnes avaient peine à mettre tout en ordre. La cuisine était en feu pour la prépation des küchlen des kougelhof et autres pâtisseries, que Grédel préparait à l’avance.

Dans la cour s’entendaient des exclamations enthousiastes à l’arrivée de chaque nouvelle voiture. Mais ce qui surprit le plus la foule, ce fut l’arrivée des poissons de mer ; jusqu’alors maître Sébaldus avait eu de l’inquiétude à ce sujet. Le célèbre Hâfenkouker était arrivé la veille, avec ses trois principaux marmitons en veste blanche et bonnet de coton ; il avait fait aussitôt construire un fourneau de briques dans l’un des angles de la cour, la cuisine n’étant pas assez grande pour suffire à la préparation de tant de viandes succulentes, ni la porte assez large pour les servir.

La marée arriva donc dans l’après-midi du samedi, en telle abondance, que la voiture eut peine à passer sous la voûte des Trabans. Et quand, au milieu de la cour, entre les longues tables de sapin, on se mit à décharger ces poissons inconnus, — larges et plats comme des assiettes, gluants, blancs d’un côté, noirs ou