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Histoire d’un paysan.

Quel bonheur de pouvoir embrasser celle qu’on aime devant tout le monde. (Page 210.)
Quel bonheur de pouvoir embrasser celle qu’on aime devant tout le monde. (Page 210.)

mais de pareilles inventions sont toujours un mauvais signe, et les capucins qui criaient que les temps étaient proches, n’avaient pas tort ; ils ont dû reconnaître eux-mêmes, par la suite, que leur prédiction était encore plus vraie qu’ils ne pensaient.

Le curé Christophe, en repassant le soir aux Baraques pour retourner à Lutzelbourg, vint prendre un verre de vin à l’auberge, comme il l’avait promis à maître Jean, et nous dit que les deux prisonniers étaient an cachot de la ville ; que le juge de paix, M. Fix, après les avoir interrogés longuement et avoir dressé son procès-verbal, allait les envoyer à Nancy, où leur affaire marcherait rondement.

Voilà comme cette espèce de guerre religieuse s’envenimait dans notre pays ; les prédi-

cations

des prêtres réfractaires en étaient cause ; et ce devait être encore bien pis dans le Midi et en Vendée ; il devait arriver de là bien d’autres accusations à l’Assemblée nationale, puisque deux jours après le passage du curé Christophe aux Baraques, on vit ce décret affiché partout : à la porte des églises, devant les mairies et les maisons d’école :

« L’Assemblée nationale, après avoir entendu le rapport de son comité des douze ; considérant que les troubles excités dans le royaume par les ecclésiastiques non sermentés exigent qu’elle s’occupe sans délai des moyens de les réprimer, décrète qu’il y a urgence.

« L’Assemblée nationale, considérant que les efforts auxquels se livrent constamment les ecclésiastiques non sermentés, pour renverser la